(Cahiers du journalisme, automne 2006)
Depuis le début des années 1960, les journalistes québécois ont développé un vaste argumentaire pour définir et affirmer leur mission. Souvent considérés comme des « ratés » n’ayant pu accéder à quelque noble profession, on peut voir dans le militantisme qui a marqué les décennies 1960 et 1970 un travail de légitimation professionnelle et de valorisation sociale de la part des journalistes. Ces derniers ont abondamment insisté pour se démarquer de la mission commerciale des entreprises de presse qui les emploient, au nom du droit du public à l’information, condition nécessaire à la qualité de la vie démocratique selon eux.
Cette rhétorique a été reprise et soutenue par bon nombre d’acteurs sociaux extérieurs à la profession qui en ont fait tantôt le fondement de leur défense du journalisme face à des menaces appréhendées (concentration de la propriété, convergence des médias, etc.), tantôt le fondement des rappels à l’ordre adressés aux journalistes, lorsque ces derniers s’engageaient dans des pratiques jugées non conformes ou déviantes aux normes reconnues (conflit d’intérêts, information spectacle, manque de rigueur, etc.).
Depuis le début des années 1960 surtout, le journalisme québécois s’est donné un système normatif explicite, à l’image de ce qui existe dans son environnement nord-américain, c’est-à-dire anglo-saxon.
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